Généralités

Le vignoble alsacien

Présentation et historique du vignoble alsacien Les vins alsaciens et leurs caractéristiques

Le vignoble alsacien

L'Alsace est entre autres réputée pour ses paysages, sa gastronomie, mais aussi pour ses vignobles. Pour comprendre la place qu'y occupe le terroir du Zotzenberg, il est indispensable de présenter le vignoble alsacien dans son ensemble.

Présentation et historique du vignoble alsacien

Sa situation géographique

Le vignoble alsacien se situe dans le quart nord-est de la France, sur un axe nord-sud qui s'étend de Thann au sud à Marlenheim au nord. Il s'interrompt ensuite jusqu'à Wissembourg où se trouve un petit îlot viticole, prolongement au sud de la frontière allemande du vignoble du Palatinat.

Il s'étire sur 170 km le long des contreforts des Vosges qui prennent pied dans la plaine rhénane. Cette zone vinicole ne comptabilise que 25 à 30 km de large, et se situe en moyenne entre 200 et 400 mètres d'altitude, les coteaux étant mieux adaptés à la viticulture.

La surface du vignoble représente à peu près 15200 hectares aujourd'hui: elle s'est considérablement agrandie en une trentaine d'années, puisqu'en 1969 elle totalisait 9441 hectares, soit une augmentation de près de 50%.

La production actuelle représente 1,2 millions d'hectolitres, soit 160 millions de bouteilles par année.

Histoire de la viticulture alsacienne

L'Alsace semble avoir trouvé une relative stabilité en matière vinicole aujourd'hui, ce qui n'a pas toujours été le cas comme en témoigne son histoire tourmentée.

La viticulture trouve ses origines avec les Romains et atteint l'Alsace au III ème siècle.

Les invasions du Vème siècle la paralysent, mais ce ne sera que momentané, le clergé et la noblesse ayant besoin de vin. Pour preuve, l'historien Barth relève vers 800 les noms de 109 localités viticoles, auxquels s'ajoutent dans le courant du IX ème siècle encore 58 autres noms.

Outre le clergé et la noblesse, les bourgeois acquièrent également des vignobles dès le XIIIème siècle: en effet, grâce au Rhin, le commerce du vin s'établit et la ville de Cologne en devient la plaque tournante.

Ainsi, la viticulture prospère et atteint son apogée au XVIème siècle; la guerre de Trente ans qui aura lieu dans le courant du XVII ème siècle va entamer cet essor, mais l'Alsace résiste et se remet de cette guerre en adjoignant notamment à sa gamme de cépages de nouveaux ceps comme le pinot gris, le chasselas et le riesling.

Le vignoble alsacien va alors connaître une évolution double: tandis que la noblesse et le clergé cultivent des cépages nobles et fournissent des vins de qualité, les paysans voient dans la culture des espèces à gros rendement la possibilité d'un enrichissement rapide: le knipperlé et le sylvaner correspondent donc à leurs besoins. Mais à partir de 1815, le commerce extérieur s'effondre, et une période difficile commence pour les viticulteurs alsaciens.

Le rattachement de l'Alsace à l'Allemagne en 1871, qui va coïncider avec l'apparition du phylloxéra, n'y arrange rien: l'administration allemande fait arracher et brûler les vignes malades, et n'autorise les replantations qu'au bout de dix ans: on plante surtout des hybrides donnant des vins de piètre qualité.

L'Alsace revient donc à la France en 1918 avec un vignoble de 20 000 hectares sinistré et des vins de qualité médiocre. Les vignerons commencent alors à replanter des cépages nobles pour s'ouvrir au commerce français et réduisent la surface du vignoble, qui passe à 11 000 hectares en 1938.

Lorsque les A.O.C. furent créees en 1935, le vignoble était alors en reconstruction, l'empêchant de bénéficier immédiatement de ce régime. Ce n'est que par le décret de 1962 qu'elle y sera rattachée, avec la création d'une appellation régionale "Alsace", qui sera complétée en 1975 par la nouvelle appellation locale "Alsace grand cru".

Ces appellations en A.O.C. font référence, comme vu précédemment, à la notion de typicité du vin, et par là-même aux facteurs naturels inhérents à l'élaboration de celui-ci.

De la sorte, afin de cerner au mieux le profil vinicole alsacien, il est important d'étudier son climat et sa géologie des sols.

Le climat

L'Alsace est soumise à un climat continental, de par sa situation géographique: elle se trouve entre 47°50 et 49° de latitude septentrionale. Ainsi, les hivers y sont froids et les étés chauds, avec une moyenne annuelle se situant entre 10°C et 11°C. Par ailleurs, les Vosges la protègent des vents d'ouest et de l'influence océanique: les précipitations y sont donc faibles, avec une moyenne annuelle de 500 à 600 mm de pluie par an, alors que le massif vosgien capte annuellement jusqu'à 2000 mm de pluie.

Au printemps, les risques de gelées sont assez importants et l'été donne souvent lieu à de violents orages. Mais ce climat a l'avantage de permettre une plus lente maturation des raisins, sans que la qualité n'en souffre par ailleurs.

Les caractéristiques inhérentes au climat alsacien sont au nombre de deux: d'une part, les changements brusques de température avec des différences pouvant aller jusqu'à 15°C; d'autre part le phénomène d'inversion des températures, ou effet de foehn: l'air froid reste dans les vallées avec des brouillards et des nuages, tandis que les collines et les coteaux jouissent du soleil et de températures plus élevées.

L'ensoleillement se situe entre 1500 et 1800 heures par an, dont 72% entre les mois d'avril et septembre, ce qui est idéal pour la maturation des raisins.

Ces conditions climatiques combinées aux différents reliefs vosgiens sont à l'origine de nombreux microclimats dans lesquels certains cépages s'épanouissent davantage, notamment en fonction du terrain sur lequel ils sont implantés.

La géologie des sols

En effet, l'Alsace se caractérise entre autres par une grande diversité de sols. Cette complexité trouve son origine à l'ère primaire, il y a environ 300 millions d'années, où les Vosges et la Forêt Noire formaient un ensemble s'élevant à 3000 mètres d'altitude.

Ce massif, pendant le secondaire, sera nivelé par l'érosion et ainsi partiellement recouvert par les eaux présentes dans l'actuel Bassin parisien. Elles vont déposer sur ces roches cristallines essentiellement composées de granit plusieurs couches de matériaux qui vont former des roches sédimentaires comme le grès.

Pendant l'ère tertiaire, le centre du massif s'effondre, séparant alors Vosges et Forêt Noire par un fossé où se trouve actuellement la plaine d'Alsace. Une nouvelle invasion des eaux y laisse des dépôts, pétrolifères au nord et potassiques au sud.

Pendant l'ère quaternaire, la partie méridionale des Vosges, plus haute, se recouvre de glaciers, qui lorsque le climat se réchauffe, déposent à l'extrémité des vallées de grandes quantités de moraines, formant ainsi des barrages retenant les eaux (par exemple, le lac de Gérardmer).

Le nord des Vosges, étant plus bas d'altitude, conserve sa couche de grès. Dans la période post-glaciale, le loess se dépose dans la plaine d'Alsace.

Suite à ces phénomènes de fracture du massif et cette période glaciaire, les différentes couches de terrains qui s'étaient amassées depuis l'ère primaire ont été mises à nu. Or les vignobles sont essentiellement implantés au niveau de cette zone de fracture, ce qui explique la diversité des terroirs parfois même au sein d'une seule commune.

L'analyse des milieux historique et naturel du vignoble alsacien nous permettent ainsi d'en avoir une vision plus précise, et d'appréhender le profil caractéristique des vins produits dans cette région.

Les vins alsaciens et leurs caractéristiques

Des vins de cépage

Alors qu'en France on nomme les vins en fonction du terroir dont ils sont issus, les vins d'Alsace sont plus connus sous le nom de leur cépage. En effet, l'Alsace ayant fait partie de l'Allemagne pendant longtemps, elle en a conservé certaines empreintes, dont celle de nommer les vins d'après leur cépage.

Les cépages usités sont au nombre de 9, dont un seul rouge: le pinot noir. Quant aux cépages blancs, ceux-ci sont classés en deux catégories, servant à la classification des appellations alsaciennes. Les cépages dits courants intègrent le chasselas, le pinot blanc, le sylvaner, le klevener. Quant aux riesling, muscat, pinot gris, et gewürztraminer, ceuxci font partie de la seconde catégorie dite des cépages nobles.

La surface en production des cépages alsaciens pour 2004 donne la part belle au riesling et au pinot blanc, qui représentent respectivement 22% et 20,9% suivis de près par le gewürztraminer avec 18,3%. Ces trois cépages détiennent à eux seuls un peu plus de 60% de la surface de production. Les 40% restants sont répartis inégalement entre cépages blancs et cépage rouge, avec notamment 11% pour le sylvaner.

Le choix du pied est donc déterminant dans l'élaboration d'un bon vin, tout autant que sa cohérence avec le terroir et sa méthode de vinification.

La méthode de vinification

La vinification est la phase terminale dans la conception du vin. En Alsace, les vendanges s'étirent sur une période relativement longue afin de récolter les raisins à une maturité optimale. Ensuite, les baies sont acheminées vers le pressoir où elles sont pressées la plupart du temps sans éraflage, afin de permettre un écoulement plus facile du jus. Le moût est recueilli dans des cuves en inox, où il repose entre 12 à 36 heures afin de permettre un débourbage statique.

Commence ensuite la fermentation alcoolique qui peut durer de 10 à 15 jours, voire même 2 à 3 mois dans le cas de vendanges tardives. Celle-ci s'opère à une température inférieure à 24°C, et en général à l'aide de levures indigènes, afin de préserver les caractères propres aux cépages et au terroir.

Dans la plupart des cas, les vins ne subissent pas de fermentation malolactique afin de préserver une belle acidité.

La fermentation terminée, le vin est soutiré et entre dans sa phase d'élevage, qui se fait en fûts ou en cuve, souvent sur le reste d'une lie fine. La durée de l'élevage est à l'appréciation du vigneron selon le type de vins qu'il désire élaborer, mais reste en général courte-entre 6 et 10 mois.

Au moment de la mise en bouteilles, certains vignerons laissent une partie du gaz carbonique qui donne au vin une touche de fraîcheur, et dispense par ailleurs d'une utilisation excessive d'anhydride sulfureux. Les vins alsaciens se consomment en général dans les 2 à 5 ans suivant leur mise en bouteille, mais de plus en plus de vignerons se plaisent aujourd'hui à élaborer des vins de garde.

Ces caractéristiques d'encépagement et de production sur le vignoble alsacien servent notamment à établir une classification des appellations.

La classification des appellations

L' Alsace viticole est soumise au régime des A.O.C. depuis le décret du 3 octobre 1962, qui crée une seule appellation régionale, "Vin d'Alsace", à laquelle peut être éventuellement ajouté le nom du cépage. Une dizaine d'années plus tard, le décret du 20 novembre 1975 crée la nouvelle appellation "Vin d'Alsace Grand Cru", et introduit le principe de délimitation de lieux-dits réservés à cette A.O.C.

La composition de cette liste de lieux-dits prendra un certain temps, et se fera en deux vagues successives: une première série de 25 lieux-dits est publiée en 1983, puis une liste complète de 50 noms paraît dans le décret du 17 décembre 1992. La création de ces deux appellations, A.O.C. Alsace et A.O.C. Alsace Grand Cru, soumettent donc les vins qui y prétendent à des contraintes de production et d'agrément.

Ainsi, l'appellation Alsace Grand Cru ne peut être revendiquée que par un vin issu de l'un des quatre cépages nobles, à savoir le riesling, le gewürztraminer, le muscat et le pinot gris. Seuls ces cépages peuvent revendiquer les mentions spécifiques "sélection de grains nobles" ou "vendanges tardives", soumises à des conditions de production très strictes.

Les exigences de production ont été aménagées dans le but de créer et de protéger une norme qualitative supérieure. Elles ont conduit notamment à des arrachages de cépages dits roturiers lorsque ceux-ci étaient implantés sur ces terroirs nobles classés en Grand Cru.

Mais il s'avère que cette réglementation tendant à uniformiser les critères qualitatifs des Grands Crus d'Alsace menaçait un élément de l'héritage alsacien: le Zotzenberg, qui tire depuis longtemps sa renommée du sylvaner.