L'histoire de Mittelbergheim

L'origine de Mittelbergheim (appelé aussi Mittelbergensis, AIsata Médiomentanus, Berghe, VilIa Bergheim, Marcha Bereh - ce n'est qu'au 17ème siècle que Mittelbergheim deviendra sa forme définitive) est probablement d'époque franque, sa fondation correspondant certainement à la période de paix succédant à la victoire du Roi Clovis sur les Alamans en 496.

Apres avoir été un bien impérial en 880 (l'Empereur Charles le Gros avait offert le village de Berghe à son épouse Richarde, fondatrice de l'Abbaye d'Andlau), le village eut différents propriétaires successifs.

En 1255, l'Evéché de Strasbourg dont dépendait l'Abbaye, vendit la moitié des biens qu'il possédait à Bergheim, à une famille d'Andlau: Les Eberten. Eux mêmes en cédèrent une partie à une branche cadette qui prit le nom du lieu: Les Bergheim.
Cette famille vendit sa part en 1608-1613 à la Ville de Strasbourg qui avait déjà acquis en 1566 certains droits que possédait encore l'Abbaye d'Andlau (dîme, juridiction ecclésiastique, droit de haute justice).
Ainsi Mittelbergheim se trouva dans une situation particulière avec trois co-seigneurs: L'Evêque, les seigneurs d'Andlau, et les Bergheim, chaque propriétaire possédant environ un tiers.
Après les différentes ventes, le partage se fit comme suit: plus d'un tiers appartenait à la Ville de Strasbourg (inclus dans le baillage de Barr), le reste se divisant entre la famille d'Andlau et l'Evéché. Chaque partie nommait son prévôt, la Ville de Strasbourg possédant tout droit de juridiction et de police. Cette situation administrative resta inchangée jusqu'a la Révolution Française.

Au cours de son histoire, Mittelbergheim eut à subir de nombreuses invasions: dès 937, avec l'arrivée des Hongrois, puis en 1438 avec celle des Armagnacs. Le village n'étant pas fortifiée, la population fuyait vers les villes telles que Dambach, Andlau, ou les châteaux avoisinants.

Le 16ème siècle n'apporta pas seulement ruines et famines lors de la "Guerre des Paysans"; c'est également le siècle de la naissance du mouvement luthérien de la Réforme.
Dès 1530, la famille noble d'Andlau adhérant à cette religion, ses sujets devinrent protestants.

En 1545, une nouvelle paroisse catholique fut créée et c'est non sans mal que les deux communautés cohabitèrent (le simultaneum resta établi jusqu'en 1894).
Une grande partie de l'AIsace devint française à la fin de la "Guerre de Trente Ans" avec la signature du Traité de Westphaliee, en 1648 ; pourtant, ce n'est qu'en 1680 que le village de Mittelbergheim devint à son tour français en même temps que Strasbourg, qui bénéficiat auparavant du statut de ville libre.

La grande réforme administrative de 1790 succédant la Révolution Française fera de Mittelbergheim une véritable municipalité dans le canton de Barr, dans le district de Benfeld, et dans le département du Bas-Rhin.

Oubliant les guerres du Directoire, Mittelbergheim profita de certains changements au cours de la période de 1870 à 1918, notamment dans le domaine de la viticulture.
Au départ défavorable à son égard, la législation allemande permit néanmoins à la viticulture de s'organiser ; création en 1895 de la Bourse aux Vins à Colmar ; création en 1900 de la Société de Viticulture pour l'Alsace-Lorraine; en 1911, le "Elsâssiche Weinbauverband" réunissant l'ensemble des syndicats locaux.

Entre les deux dernières guerres, le village se développa lentement, ce n'est qu'après 1950 que son épanouissement fût plus rapide, grâce au commerce florissant du vin.


Le Weinschlagbuch

Le Weinschlagbuch fût de tout temps un livre de compte, où figurait annuellement le prix de "l'ohme" de vin ("L'ohme" est une mesure de 46 litres avant 1800 et de 50 litres après cette date). Dans le vignoble alsacien cette pratique datant de l'histoire économique du Moyen-Age, était courante et même obligatoire.

A Mittelbergheim cette coutume est maintenue par un nouvel ouvrage depuis 1973, date d'inauguration de la mairie rénovée, de la première fête du vin dans le village et de la création de l'association des Amis de Mittelbergheim.
Cette nouvelle édition, créée dans un but symbolique, retrace l'histoire de nos millésimes.

Comme le titre l'indique, c'etait le registre où était fixé le prix du vin de la vendange de l'année: "Der Preis geschlagen"; ceci était souvent fait par "eine Commission bestehend aus mehreren Gerichtsschöffen und den berichtigen Weinstichern."

Cette dite commission etait constituée chaque année des huit échevins du tribunal de Mittelbergheim et des trois représentants du Bailli de Barr, c'est à dire les Prévôts (un pour l'évêche et deux pour les seigneurs d'Andlau), l'écoutête (Schultheiss), le gourmet (Weinsticher) et les chargeurs de vin (Weinlader).

Ils se réunissaient à la "Bürgstub" (actuelle mairie) pour fixer le nouveau prix du vin.

La commune de Mittelbergheim a la chance d'avoir conservé jusqu'à nos jours un tel ouvrage, malgré les nombreuses viscissitudes de l'histoire alsacienne.

Des localités telles que Kaysersberg, Ammerschwihr, Andlau ... s'en trouvent dépourvues, alors que pour d'autres, le Weinschlag est plus ou moins complet:

  • Mulhouse : 1550 - 1797
  • Heiligenstein : 1500 - 1790
  • Barr : 1538 - 1692
  • Mittelbergheim : 1456 - 1499 (copies)
    • 1510 - 1666 (Archives de la ville de Strasbourg)
    • 1600 - 1972 (1er livre)
    • 1973 à aujourd'hui (2ieme livre)

Les chroniqueurs du Weinschlagbuch:

Les documents en notre possession ne nous permettent pas d'identifier avec certitude les différents chroniqueurs qui ont tenu depuis le XVème siècle le Weinschlagbuch.
Le plus souvent et certainement par tradition, c'étaient les greffiers du tribunal de la commune, parfois les maires, les pasteurs ou diacres, ou encore les instituteurs qui s'en chargeaient.