LE ZOTZENBERG
"Dans le domaine du végétal, seul le vin permet à l'homme de connaître la véritable saveur de la terre."
A travers cette phrase, Colette exprime avec justesse le lien indéfectible entre le vin, le terroir et l'homme. De nos
jours, ces trois éléments servent à définir la notion d'Appellation d'Origine Contrôlée mise en place par
l'intermédiaire de l'Institut National des Appellations d'Origine en 1935.
Cette mention A.O.C. sert à identifier et par là-même à protéger un produit agricole qui tire son authenticité et sa
typicité de sa provenance géographique, c'est-à-dire des facteurs naturels et humains propres à l'élaboration de ce
produit.
En tenant compte de son histoire et de sa culture, elle donne un cadre légal à la typicité d'un produit agricole, tout
simplement afin de la préserver.
C'est ainsi que les vins d'Alsace sont soumis à la réglementation des A.O.C., sous la forme d'appellations régionales
ou locales. Parmi ces appellations locales, le Zotzenberg occupe une place particulière: en effet, le régime des A.O.C.
avait éliminé de ce terroir l'un des cépages qui en avait fait sa réputation: le sylvaner.
Depuis le 21 mars 2005, ce cépage est à nouveau autorisé dans l'élaboration des grands crus sur le Zotzenberg.
Le Zotzenberg:
un terroir propice à la culture du sylvaner
Le Zotzenberg est un terroir propice à l'élaboration de grands crus à partir de cépages dits nobles, tel le riesling ou
de cépage roturier tel le sylvaner. La culture du sylvaner au Zotzenberg repose non seulement sur l'adéquation parfaite
de ce cépage avec son milieu naturel, mais aussi sur des traditions ancestrales.
Présentation et historique du vignoble
Situation géographique et histoire du Zotzenberg
Basé sur le flanc sud de la colline de Mittelbergheim, commune à laquelle il est rattaché, le Zotzenberg se dessine
sous la forme d'une cuvette face à la vallée d'Andlau et aux premiers abords de la plaine du Rhin.
il comptabilise 36,45 hectares variant entre 200 et 320 mètres d'altitude, au coeur des 383 hectares qu'embrasse Mittelbergheim.
Un climat favorable
En effet, le climat qu'offre le Zotzenberg est particulièrement propice à la viticulture. Les collines sous-vosgiennes
le protègent des vents du nord et des pluies d'ouest, et lui permettent ainsi de bénéficier des étés chauds du climat
continental.
Les vents froids du nord dominent en hiver, tandis que ceux du sud très chauds favorisent au printemps un dégel rapide.
Ces derniers se manifestent jusqu'en octobre, et bien qu'à l'origine de violents orages en été, concourent fréquemment
à une belle arrière saison particulièrement propice au vignoble.
De la sorte, le Zotzenberg bénéficie d'un microclimat particulier, qui, adjoint à un terroir d'exception, permet
l'élevage de grands vins.
Une géologie des sols complexe
Effectivement, on retrouve sur le Zotzenberg une grande diversité de sols. Mittelbergheim est installé sur les collines
sous-vosgiennes, qui coïncident avec le champ de fractures de Barr. Les terrains géologiques qui s'y trouvent sont
composés par divers ensembles de roches sédimentaires, tels que des grès vosgiens, des calcaires oolithiques, des
marnes calcaires et gréseuses, qui forment le substrat géologique.
Quant aux formations superficielles, elles sont essentiellement formées de sédiments récents ou de roches altérées, et
constituent une couverture sur le substrat rocheux d'une épaisseur variable, entre quelques décamètres et quelques
mètres. Sur le Zotzenberg en l'occurence, elles sont de nature argilo-sablo-limoneuses.
Structure superficielle
Structure sous-sol
Ce terroir possède donc une certaine richesse des sols, qui permet entre autres au sylvaner de s'épanouir pleinement.
Le sylvaner sur le Zotzenberg
Caractéristiques de ce cépage
La présence du sylvaner sur le Zotzenberg est fort ancienne, et fait partie de son patrimoine identitaire. Ce cépage
serait vraisemblablement originaire d'une vigne sauvage cultivée au bord du Danube.
Une grappe de Sylvaner: ses baies rondes sont mouchetées de points bruns.
Il est apparu à la fin du XVIII ème siècle en Basse-Alsace, et ce n'est qu'à partir de 1870 qu'on en trouve la mention
pour toute l'Alsace. Aujourd'hui, ce cépage représente environ 1500 hectares en production, et est surtout implanté
dans le Bas-Rhin.
Sur le Zotzenberg, il couvre 13,86 hectares, soit 40% de la surface de production.
Le sylvaner est un cépage sensible aux gelées de printemps: en effet, son débourrage est précoce, et ses bois affectés
par le froid. Il peut se montrer très productif, notamment dans les terroirs de plaine; c'est pourquoi le vin qui en
est issu est souvent décrit comme frais, léger et facile à boire.
La culture sur les coteaux limite naturellement son rendement. Ainsi, lorsqu'il est élevé sur des terroirs qui lui
correspondent, il donne naissance à de grands vins, plus complexes et profonds, comme c'est le cas sur le Zotzenberg.
Une culture ancestrale du sylvaner
En effet, il existe sur ce lieu-dit une adéquation parfaite entre le terroir et le sylvaner. Celui-ci ayant été
implanté à la fin du XIX ème siècle, époque où la science des sols n'était pas aussi précise, c'est à la faveur d'un
long travail d'observation et d'ajustement que les viticulteurs ont mesuré la qualité que pouvaient avoir les vins
issus du sylvaner sur ce terroir.
Ainsi le sylvaner du Zotzenberg s'est assez vite forgé une belle réputation: les anciens peuvent témoigner que
lorsqu'ils commandaient un Zotzenberg au début de ce siècle, c'était un sylvaner qui leur était systématiquement
proposé. D'ailleurs, certains documents témoignent qu'il se trouvait du "Sylvaner Zotzenberg" dès 1921.
L'histoire nous montre donc que ce cépage a participé à la notoriété du Zotzenberg, et par là-même fait partie
intégrante de son identité. C'est une des raisons pour lesquelles il a pu être passé en grand cru en mars 2005. Mais
au-delà d'une adéquation parfaite entre cépage et terroir, la réputation du sylvaner tient bien évidemment au travail
des vignerons.
La démarche des vignerons
Une recherche de la qualité avant tout
L'essence d'un vin demeure attachée à la personne qui le façonne. Sur Mittelbergheim, les vignerons tiennent à
s'inscrire dans une démarche qualitative, notamment par rapport au sylvaner.
Comme le note judicieusement un vigneron du cru, "bien vinifié", il fait découvrir quelque chose que l'on ignore encore
en Alsace, parce que jamais l'on ne s'est donné la peine de chercher à savoir ce qu'un sylvaner peut donner quand il
est produit dans les mêmes conditions et avec les mêmes rendements qu'un pinot gris ou un gewürztraminer."
Ainsi, le rendement moyen du sylvaner sur le Zotzenberg ne dépasse jamais 55 hectolitres à l'hectare.
Le sylvaner exige une culture raisonnée sur ce terroir notamment par rapport à son mode de conduite: en général, il se
présente sous forme de guyot double à une ou deux baguettes, avec des charges basses. Pour les vignes les plus jeunes,
les vendanges en vert en juillet-août se révèlent nécessaires afin de limiter le rendement.
Pour la production de leur Grand Cru Zotzenberg, les vignerons de Mittelbergheim se sont inscrits dans une démarche
environnementale forte en supprimant totalement les insecticides chimiques au profit de la lutte biologique par
confusion sexuelle. Ainsi, la diversité de la faune auxiliaire (coccinelles, abeilles, typhlodromes...) est préservée.
En ce qui concerne la vinification, chaque vigneron exprime sa sensibilité et son savoir-faire avec des nuances propres
à sa personnalité. Les Grands Crus Zotzenberg dégustés dans les différents domaines en témoignent d'un travail
méticuleux dans les caves.
UN TRAVAIL DE REVALORISATION DU SYLVANER
A qui nous adressons tous nos remerciements et nos félicitations pour son travail fouillé et minutieux.